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MANIFESTE DU PERCEPTIVISME

UNE RÉVÉLATION DE L'AUTHENTICITÉ DANS UN MONDE FRAGMENTÉ

 

Le Perceptivisme est une approche conceptuelle du portrait née à la convergence de ma formation en école d'art, de ma formation en psychologie, de ma pratique professionnelle du graphisme et de mon expression picturale. Cette démarche transdisciplinaire explore comment la fragmentation verticale délibérée de l'image révèle les mécanismes perceptifs par lesquels nous construisons l'identité – la nôtre, celle des autres, et notre vision du monde – dans une époque fondamentalement fragmentée. Nos vies sont morcelées entre écrans multiples, nos identités divisées entre profils professionnels et avatars numériques, notre conscience dispersée entre réalité tangible et mondes virtuels. Nous sommes les enfants de la fragmentation, et pourtant nous continuons à prétendre qu'une cohérence artificielle représente notre vérité.

 

Le Perceptivisme naît de cette tension. Il ne propose pas un retour illusoire à l'unité perdue, mais une révolution du regard – le courage de voir et d'être vu dans notre splendeur fragmentée, notre beauté discontinue, notre vérité irréductiblement complexe.

Le Perceptivisme s'affirme comme épistémè picturale qui interroge les mécanismes même par lesquels nous percevons et construisons l'identité humaine et le monde qui nous entoure. Il instaure une nouvelle intelligibilité du sujet – une intelligibilité qui ne masque pas la complexité humaine mais en fait son principe fondateur, qui ne dissimule pas les contradictions mais les élève au rang de vérité existentielle primordiale.

I. FONDEMENTS DU PERCEPTIVISME

1. L'IDENTITÉ DÉVOILÉE DANS LA FRAGMENTATION

La fragmentation délibérée brise l'illusion d'un sujet unifié et transparent à lui-même. Dans l'éclatement du visage se manifeste enfin ce que nous passons notre vie à dissimuler – notre multiplicité essentielle, nos contradictions profondes, notre opacité fondamentale.

Ce n'est pas dans l'apparence lisse que réside notre vérité, mais dans les ruptures, les dissonances, les interstices entre nos multiples facettes. Le Perceptivisme fait de ces failles non pas des faiblesses à cacher, mais des espaces de révélation où brille l'authenticité.

L'identité humaine se révèle alors non comme une substance fixe mais comme un processus, non comme une unité mais comme une symphonie de contradictions. Quand avons-nous décidé que la cohérence valait mieux que l'authenticité ?

Cette fragmentation n'est pas une simple technique formelle, mais une méthode de révélation qui permet d'accéder à une intimité authentique – non pas celle que le sujet choisit de montrer, mais celle qui constitue sa véritable essence, faite de contradictions, de vulnérabilités et de profondeurs habituellement invisibles.

2. L'ÉLOQUENCE DU VIDE ET DU MANQUE

Entre les fragments d'une œuvre perceptiviste s'ouvre un champ de possibles où l'invisible devient palpable, où le non-dit prend forme, où l'intime s'exprime enfin. Ces espaces vides ne sont pas absence mais présence révélatrice – celle de notre monde intérieur que nous peinons tant à montrer aux autres comme à nous-mêmes.

Cette relation dialectique entre le caché et le montré instaure une perception non-linéaire où coexistent différentes facettes de notre identité. Les parties manquantes ne sont pas déficit mais surplus de vérité, transcendant l'apparence immédiate pour atteindre une méta-identité.

C'est dans ces espaces interstitiels, ces intervalles entre fragments, que se loge souvent la vérité la plus profonde de l'être – celle qui échappe à la représentation directe mais qui, paradoxalement, devient perceptible précisément par son apparente absence. Le vide perceptiviste fonctionne comme un révélateur où l'authenticité déborde le cadre strictement visible.

3. NOTRE MONDE EN ÉCLATS : REFLET ET MÉTHODE

Notre attention se disperse entre écrans multiples, notifications incessantes et flux d'information sans fin. Nos identités se divisent entre profils professionnels policés et avatars numériques fantasmés. Notre conscience oscille entre réalité tangible et univers virtuels.

Cette approche fait écho à la fragmentation fondamentale de notre monde contemporain, où tout est désormais morcelé – la réalité comme sa représentation, le réel et le virtuel, l'information et la désinformation, l'expérience humaine et l'intelligence artificielle.

L'apogée de la machine a amplifié cette fragmentation en décomposant notre expérience en données quantifiables, en algorithmes prédictifs, en interactions morcelées. Notre rapport au temps lui-même s'est fragmenté : nous vivons simultanément dans l'immédiateté des notifications et dans la temporalité étirée de la déconnexion.

Dans ce chaos, le Perceptivisme n'est pas qu'une esthétique – c'est un acte de lucidité. Il fait de notre fragmentation non pas une fatalité à subir, mais une vérité à embrasser, un langage pour dire enfin notre condition authentique.

Chaque fragment devient ainsi une facette-identité, un aspect distinct qui capture non seulement une apparence différente du sujet, mais aussi une dimension différente de son existence. Ces identités multiples ne sont pas isolées mais s'entrelacent, créant un palimpseste identitaire où chaque facette conserve sa spécificité tout en participant à une totalité plus complexe.

4. VOIR AU-DELÀ DES FILTRES : SUBVERSION DES MÉCANISMES PERCEPTIFS

Nous sommes programmés pour créer de l'unité, pour lisser les contradictions, pour ignorer ce qui dérange notre perception ordonnée du monde. Cette tendance nous amène à simplifier la complexité humaine, à catégoriser l'incatégorisable, à juger ce qui mériterait d'être simplement contemplé.

Le Perceptivisme s'appuie sur la théorie de la Gestalt pour révéler comment notre perception construit artificiellement la cohérence identitaire. En fragmentant délibérément l'image, il expose le travail invisible que notre cerveau effectue constamment pour unifier notre perception des autres et de nous-mêmes.

Cette subversion des mécanismes cognitifs transforme l'œuvre en laboratoire phénoménologique où s'observe en temps réel notre tendance à simplifier la complexité humaine. Vous ne regardez plus simplement une œuvre – vous observez votre propre façon de regarder, de juger, de catégoriser l'autre.

En prenant conscience de nos mécanismes perceptifs habituels, nous pouvons développer un regard plus nuancé, plus empathique, plus authentique sur la complexité humaine. Cette prise de conscience transforme l'expérience esthétique en expérience métacognitive : nous ne regardons plus simplement une œuvre, mais nous observons notre propre façon de regarder et de construire l'identité d'autrui.

5. STRATIFICATION DE L'ÊTRE : DIMENSIONS MULTIPLES DE NOTRE EXISTENCE

Le Perceptivisme opère à plusieurs niveaux perceptifs simultanément, créant une stratification où la fragmentation primaire, celle qui découpe l'image visible, se double d'une fragmentation secondaire qui introduit d'autres dimensions – émotionnelles, sociales, spirituelles.

Cette stratification fait écho à la temporalité éclatée de notre époque, où coexistent différents régimes de temps : l'instantanéité numérique et la lenteur biologique, l'accélération technologique et les rythmes ancestraux, le temps algorithmique et le temps vécu.

Ces différents niveaux de perception ne s'annulent pas mais se potentialisent, créant une œuvre multi-dimensionnelle où le visible s'entrelace avec l'émotionnel, où le factuel dialogue avec le sensible. Les éléments abstraits qui se superposent aux fragments figuratifs instaurent un contrepoint visuel, une musicalité perceptive où la précision du portrait fragmenté rencontre la liberté de l'expression émotionnelle.

Nous existons ainsi véritablement – en couches successives, en dimensions entrelacées, en contradictions fécondes. Cette superposition identitaire permet de représenter simultanément l'être social que nous montrons, l'être intime que nous réservons à nos proches et l'être secret que nous gardons pour nous-mêmes.

6. L'AUTRE ET MOI : LA PERCEPTION COMME ACTE RELATIONNEL

Le Perceptivisme fait du spectateur non pas un observateur passif mais un participant actif à l'émergence du sens. Face à l'œuvre fragmentée, vous êtes appelé à reconstruire, à interpréter, à co-créer. Votre regard n'est plus un simple récepteur mais un constructeur actif du sens.

Cette dimension participative révèle une vérité fondamentale : l'identité n'existe jamais isolément mais toujours dans la relation. Ce que nous percevons des autres est autant une construction qu'une observation, autant une projection qu'une réception.

Le Perceptivisme rend visible ce processus habituellement invisible par lequel nous participons tous à la construction de l'identité d'autrui mais aussi à la nôtre. L'œuvre devient ainsi un champ d'expérience où l'identité perçue émerge d'une activité mentale partagée entre le sujet, l'artiste et le regardeur – un triptyque relationnel où l'authenticité se révèle précisément dans cette élaboration commune.

Dans un monde où notre perception des autres est de plus en plus médiatisée, filtrée et fragmentée par les interfaces numériques, cette co-création devient encore plus significative. Le Perceptivisme nous rappelle que même face à la fragmentation extrême de notre expérience contemporaine, nous restons des êtres de relation, engagés activement dans la construction perceptive de l'autre et du monde.

7. L'INTIME AUTHENTIQUE ENFIN RÉVÉLÉ

Notre monde valorise l'apparence au détriment de la profondeur, la cohérence superficielle plutôt que la complexité authentique. Nous apprenons à lisser nos contradictions, à uniformiser nos expressions, à simplifier ce qui en nous est fondamentalement complexe.

Le Perceptivisme brise ce carcan des apparences pour révéler l'intimité véritable – celle que nous n'osons montrer mais qui constitue notre humanité essentielle. Dans la fragmentation apparaît non pas un être diminué, mais un être enfin libéré du mensonge de la simplicité.

Par un processus de décomposition révélatrice, la fragmentation dévoile l'essence non dans l'apparence sociale mais dans les interstices où se loge l'être véritable. Ce qui est habituellement caché – les vulnérabilités, les contradictions, les aspects moins socialement acceptables de notre identité – devient visible et reconnu comme constitutif de notre humanité.

Dans un monde où l'intimité est paradoxalement surexposée et pourtant rarement authentique, le Perceptivisme cherche à révéler une intériorité véritable, non pas celle que nous mettons en scène sur les réseaux sociaux, mais celle qui constitue le fondement même de notre humanité complexe.

8. BEAUTÉ DE LA COMPLEXITÉ

Le Perceptivisme établit une valeur esthétique où la beauté émerge non de l'harmonie superficielle mais de la tension authentique. Cette esthétique de la discontinuité s'apparente à la notion de vérité révélée, où la juxtaposition des fragments n'est jamais uniformisation mais différenciation essentielle.

La juxtaposition des fragments crée une musicalité visuelle où chaque élément conserve son autonomie tout en participant à une composition plus vaste. Cette esthétique trouve sa cohérence non dans l'unification forcée mais dans la danse des contradictions, dans l'orchestration des différences, dans la célébration de la multiplicité comme richesse fondamentale.

La beauté perceptiviste n'est plus dans l'idéalisation ou la simplification, mais dans la révélation courageuse de ce que nous sommes véritablement – des êtres aux facettes multiples, aux contradictions fécondes, à l'identité toujours en devenir.

Cette complexité n'est pas complication gratuite mais richesse ontologique, reflet de la structure même de l'identité contemporaine dans sa multiplicité irréductible. Il est temps de trouver la beauté dans notre complexité plutôt que dans une illusion de perfection.

II. LE PERCEPTIVISME DANS L'ART CONTEMPORAIN

1. AU-DELÀ DU FRAGMENTISME FORMEL

Le Perceptivisme n'est pas une simple variation sur le thème de la fragmentation artistique. Il se distingue fondamentalement du Fragmentisme établi (fondé par Marie-Hélène Sola dans les années 90) qui explore principalement la décomposition formelle héritée du Cubisme.

Là où le Fragmentisme s'intéresse à la fragmentation comme technique formelle et spatiale, le Perceptivisme l'utilise comme révélateur psychologique et identitaire. Cette différence essentielle n'est pas qu'académique – elle transforme radicalement l'expérience de l'œuvre.

Une toile perceptiviste n'est pas qu'un objet esthétique à contempler, mais un espace de transformation où notre regard lui-même est invité à se réinventer. Le Perceptivisme déplace l'attention de la forme vers le fond, de l'espace vers l'identité, de la technique vers la révélation.

2. TROIS DIMENSIONS DE LA PERCEPTION FRAGMENTÉE

Le Perceptivisme explore trois niveaux fondamentaux de notre expérience contemporaine, trois façons dont notre perception est désormais inévitablement fragmentée:

La perception du monde - Comment appréhendons-nous une réalité devenue elle-même discontinue et morcelée? Dans cette ère de surcharge informationnelle, de post-vérité et de réalités parallèles, notre vision du monde se trouve éclatée en fragments souvent contradictoires. Le Perceptivisme révèle cette condition en créant des œuvres qui obligent le spectateur à reconstruire activement une cohérence, mimant ainsi le travail que nous effectuons quotidiennement face au chaos informationnel.

La perception d'autrui - Notre connaissance des autres est désormais médiatisée par des plateformes qui fragmentent leur identité en posts, en stories, en tweets – morceaux décontextualisés qui nous donnent l'illusion de connaître alors que nous ne percevons que des fragments soigneusement sélectionnés. Le Perceptivisme met en lumière ce phénomène en fragmentant délibérément le portrait, révélant combien notre perception de l'autre est toujours fragmentaire et reconstruite.

La perception de soi - Nous sommes simultanément professionnels, parents, enfants, amis, citoyens, consommateurs – identités qui ne s'expriment pas toujours de façon cohérente. Le Perceptivisme explore cette fragmentation interne en révélant les multiples facettes qui coexistent en chacun de nous, non comme pathologie mais comme condition authentique de l'être contemporain.

3. SCIENCE ET ART : UNE ALLIANCE RÉVÉLATRICE

Le Perceptivisme puise dans les découvertes de la psychologie cognitive et de la théorie de la Gestalt non pour produire un art intellectualisé, mais pour créer une expérience plus profonde, plus transformative.

En comprenant les mécanismes de notre perception, nous pouvons les subvertir pour ouvrir de nouveaux espaces de conscience. L'œuvre perceptiviste n'illustre pas ces théories – elle les transforme en expérience vécue, en révélation sensible, en éveil perceptif.

Cette dimension scientifique ancre notre démarche dans une compréhension profonde de l'humain, tout en la propulsant vers des territoires d'expression encore inexplorés. En subvertissant délibérément les principes de la Gestalt – en créant des œuvres qui résistent à la tendance naturelle de notre cerveau à unifier – le Perceptivisme nous fait prendre conscience des processus perceptifs habituellement invisibles qui façonnent notre expérience du monde.

4. UNE ÉTHIQUE DU REGARD

Dans un monde qui nous pousse sans cesse à simplifier, à catégoriser, à juger rapidement, le Perceptivisme propose une résistance fondamentale – celle d'un regard qui accepte la complexité, qui suspend le jugement, qui accueille l'ambiguïté.

En nous forçant à prendre conscience de nos mécanismes de simplification perceptive, cette approche nous invite à une plus grande ouverture à la complexité humaine, à une suspension du jugement hâtif, à une acceptation de l'ambiguïté constitutive de toute identité.

Cette dimension éthique fait du Perceptivisme non pas un simple courant artistique, mais un espace de transformation où s'apprend un nouveau rapport à l'autre et à soi-même. Regarder une œuvre perceptiviste, c'est s'exercer à voir différemment – avec plus de nuance, plus d'empathie, plus de vérité.

Dans notre monde de jugements expéditifs et de polarisations extrêmes, nous avons désespérément besoin d'apprendre à voir l'autre dans sa complexité authentique.

UN APPEL À VOIR AUTREMENT

Le Perceptivisme s'affirme comme une révolution du regard dans un monde qui a perdu l'illusion de l'unité mais qui cherche encore son langage pour dire sa fragmentation.

Il ne se contente pas de constater notre condition contemporaine – il en fait le point de départ d'une nouvelle façon de voir, de représenter, d'être. Il transforme notre fragmentation en méthode de révélation, notre discontinuité en principe esthétique, notre complexité en source de beauté.

Il nous invite à embrasser enfin notre condition dans ce qu'elle a de plus authentique – à abandonner le mythe de la cohérence pour accueillir la vérité de notre complexité, à renoncer à la simplicité rassurante des apparences pour plonger dans la richesse vertigineuse de l'être multiple.

Dans un temps où tout est éclaté, dispersé, morcelé, le Perceptivisme offre un espace de vérité où la fragmentation n'est plus un échec mais une révélation, où la multiplicité n'est plus une faiblesse mais une richesse, où l'ambiguïté n'est plus un défaut mais une profondeur.

Le Perceptivisme n'est pas qu'un mouvement artistique – c'est un acte de lucidité, de courage et de liberté face à un monde qui préfère souvent l'illusion confortable à la vérité dérangeante. C'est une invitation à voir et à être vu dans notre splendeur fragmentée, notre beauté discontinue, notre vérité irréductiblement complexe.

Notre fragmentation n'est pas notre échec, mais notre plus authentique vérité.

— Agnès Monnet, 2025

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